la découverte de pozzanghere | mezzo seccate d’Oscar Bianchi dynamise résolument la soirée. Outre le recours à un soprano d’une roborative expressivité, la nouvelle œuvre du compositeur italo-suisse, qui emprunte son titre à Montale (Ossi di seppia, 1925), convoque un instrumentarium qu’on pourrait dire traditionnel n’étaient l’usage qu’on en fait et la présence de l’accordéon. La subtilité des relais entre les R voluptueusement et fort durablement roulés, pour ne point dire rugis, par l’extraordinaire Katrina Paula Felsberga, et leur prolongement dans les timbres instrumentaux, parfois par imitation, d’autres fois selon un spasme commun, fascinent d’emblée. La pièce « flirte parfois avec un univers sonore homogène articulé par le quatuor avec contrebasse et l’accordéon qui, en fusionnant, amplifient et dramatisent cet espace du mystère que savent si bien convoquer les instruments à cordes », explique Bianchi (même source) ; « par opposition, le piano et la percussion incarnent du concret, le terrestre, le primordial ». Les échanges entre soprano et trompette se font de plus en plus prégnant au fil de l’exécution, scellant une inquiétante étrangeté que souligne l’admirable économie de l’écriture, mue par une inventivité sans cesse frémissante interrogeant jusqu’à la fonction de la voix, « au-delà du sémantique ou du lyrique ».
L'histoire suivante était tout entière à écrire : la création mondiale de 6 db, le concerto pour six contrebasses et orchestre (2017-2021) d'Oscar Bianchi dont titre fait allusion à la fois à la dénomination anglaise, six double-basses, et aux six décibels qui marquent le seuil entre le silence et le son perceptible....
...Oscar Bianchi a intégré cette complicité à son écriture, reconnaissant s'être « laissé influencé par les techniques de jeu plus ou moins orthodoxes que lui ont présenté les instrumentistes ». Cette exploration des modes de production du son ne rigidifie pas l'œuvre, au contraire : d'une virtuosité consommée, elle obéit tout au long à un plaisir du jeu — dans toutes ses acceptions — très séduisant. Commencée dans une incertitude sonore savamment établie, elle prend ses marques, révèle son architecture, déploie sa véritable ampleur. Bianchi signe une partition très habile, tant dans le traitement de l'orchestre que dans l'écriture pour les solistes, qu'il s'agisse de l'exploitation du potentiel des instruments (son, étoffe, dynamique, volume), des parties dévolues à chacun, ou de leurs interactions. Cela avec un sens des couleurs et une plasticité sonore qui évitent la simple démonstration. Franc succès pour l'œuvre et les interprètes — gageons que tous les pupitres de contrebasses du monde voudront s'approprier cette occasion de prendre la lumière !
...c’est dans l’oscillation raffinée des harmoniques que débute l’œuvre, les archets qui délicatement font vibrer les métallophones immergeant les contrebasses dans une aura indicible, rehaussée par le souffle de grands fléaux. S’il vous a été donné de tenir un jour un archet de contrebasse pour mordre la corde, ou de vous être trouvé assez près de l’instrument, vous avez perçu cette granulosité inimitable du son, à la fois rauque et douce, comme un soupir : c’est à partir de cette morsure du métal et de la colophane, peut-être de la matière poudreuse de l’attaque de la corde alors exprimée par le crin, que surgit une sorte de vocalité qui, ce soir, contamine l’orchestre de ses paradoxes spécifiques. Outre ce travail fascinant sur le timbre, avec des col legno plus farouches auxquels souvent répondent des cuivres déclamateurs, voire chanteurs, 6 db happe l’écoute par son impermanence métrique qui induit la croisée de plusieurs gestes compositionnels, parfois ponctués de bruissements quasi campanaires. Passé une promenade plus drument rythmique, cet unique mouvement en arche regagne les friselis liminaires. Une nouvelle fois, Oscar Bianchi expulse au plus lointain l’horizon du connu
''...al compositore Oscar Bianchi, pur attento e sensibile al concetto di comunicazione, non piace scendere a facili compromessi. La sua musica è una ricetta continua, in cui sperimentare nuovi linguaggi, nuove possibilità di combinazione fra arti diverse e nuove sonorità anche su strumenti tradizionali, come le corde del pianoforte suonate con uno spazzolino elettrico o con i crini di cavallo''. Stefano Bazzi, (Corriere del Ticino)
„Klanglich sauber ausgearbeitet, von allen Beteiligten überzeugend umgesetzt, dabei auch selbstironisch und stellenweise höchst amüsant. Da scheint das Prädikat „Meisterwerk“ nicht weit.“ (Jaronas Scheurer, resonance)
. Im Herkulessaal machte Oscar Bianchi den Anfang mit „Inventio“ für Orchester, was bekanntlich Erfindung bedeutet. Und um nichts anderes als das Entdecken neuer Klangwelten geht es dem Italiener: Der schnarrend-knatternde Beginn, würde man ihn nur akusmatisch verfolgen, könnte ebenso von elektronischen oder digitalen Gerätschaften stammen. Und doch sind es profane Gegenstände, die das spielfreudig aufgelegte Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks unter der hochpräzisen und zugleich sinnlichen Leitung Johannes Kalitzkes bedient: Gefrierbeutel erzeugen rauschhafte, Alufolie knisternde Impressionen. Aus dem archaischen Klangmeer schälen sich einzelne Töne heraus, bleiben stehen, bevor sie von Ausbrüchen tremolierender Glissandi abgefangen werden. Bianchi versteht es, einen energetischen Sog zu entwerfen, auch weil sein Stück kurzweiligen Humor zeigt: Im Dialog der Brummfrösche oder schiffshupenartigen Posaunenfanfaren, während die Perkussionisten im Hintergrund tönende Propeller kreisen lassen.
In the late evening of the Wittener Tage für neue Kammermusik‘s opening day, inside the town’s small but elegantly decorated Johanniskirche, the JACK Quartet gave the world premières of a pair of works of an entirely different disposition from that of Ferneyhough and Birtwistle, heard earlier that afternoon.
Oscar Bianchi, Italian-Swiss composer Oscar Bianchi‘s Pathos of Distance essentially re-programs the string quartet such that the cello becomes a conspicuous rogue element. Through a mixture of whirling, clicking, whirring and croaking wald teufels (a.k.a. forest devils or, most appropriately, frog callers) and more protracted, harmonic- and tremolando-laden bowed materials, the upper strings were clearly well-disposed to work together, sharing and imitating. Whereas the cello – visually enhanced by Kevin McFarland’s unique attire, jacket-less with shirt sleeves rolled up – took on the role of ‘bovver boy’, grinding, twanging, buzzing and poinging his strings, de- and re-tuning them, often situated four or five octaves below the rest. Both the exploration of this relationship – which did vary, and at times all four players were clearly united – as well as Bianchi’s intricate and imaginative textural narrative were engrossing, right up until the somewhat ritualistic final minutes, including a wave of ‘roars’, a viola and cello duet (the viola now also detuned, and played with a cello bow!) and a concluding flurry of ratcheting. Thoroughly immersive and, in the best possible sense, entertaining.
Um «verschiedene Bewusstseinszustände» dreht sich hingegen das zweite Streichquartett «Pathos of Distance» von Oscar Bianchi aus Mailand. Als Schüler von Salvatore Sciarrino und Zögling von Fausto Romitelli besitzt der italienisch-schweizerische Komponist ein feines Gespür für geräuschhafte, stille Klanglichkeiten, die tief in Raum und Zeit atmen. Zunächst muss sich jedoch das Cello gegen das brummende Geratter von Waldteufeln durchsetzen.
....Bianchi’s Matra proved to be an exercise in circular motion, and a study of the forces of nature that compose matter. The performance included moments of smooth harmony which, juxtaposed against the dense rhythms and visceral outbursts of energy, created a beating pulse that represented the cycle of human life. Bianchi’s tireless and passionate composition, although at times demanding and a challenge to fully comprehend, was a triumph.
''...Celeste discontinuità, il en défriche mille entre l'infiniment grand et l'infini petit, dévoilant à chaque passage tantôt les grandes caractéristiques techniques et expressives des cordes, tantôt les diversités de cette belle famille d'instruments. La tessiture est le point de divergence le plus évident. Mais les timbres, sur lesquels Oscar Bianchi a opéré un formidable travail, en est le plus intense et le plus intrigant. On finit par apprécier cette complexité hypnotique, après avoir compris qu'il était impossible de se perdre dans cette exploration sonore entre atomes et hyper-espace''
...Meshing Talents for a Dense and Strenuous Sound... ...Mr. Bianchi is fond of extremes. Some of them — the quarter tones produced by the singers, the bottom notes played on the Paetzold recorder — melt into the gray zone where human hearing gives way to a more visceral perception of air in motion. The division between rhythm and harmony also begins to blur as the sound waves of sustained close harmonies combine into an audible pulse. In “Matra” sound is above all matter, the bubbling, sputtering, trembling coming-into-being of sound as viscous and dense.
Toujours dans la ville d’Hindemith et Adorno, l’Ensemble Modern fit entendre pour la première fois Permeability (2013) pour dix-neuf instruments et électronique, une pièce signée Oscar Bianchi (né en 1975), musicien milanais des plus doués dont le nom résonnait à Royaumont, Darmstadt ou Strasbourg avant d’être associé à l’opéra Thanks to my Eyes. Reconnaissant à la technologie d’avoir exploré de riches dimensions sonores (physique, structurel, émotionnel et intellectuel), Bianchi célèbre « l’exaltation des éternelles relations entre l’être et le son » avec une partition dont « le titre se réfère au terme utilisé pour évoquer le lien entre les catégories (l’humain, l’animal, la chose) qui autrefois représentait et organisait la vision de l’existence ».
D’emblée, on sent qu’on est en présence d’un créateur en pleine possession de ses moyens, d’une œuvre résolument inventive et habitée. Des cuivres jacasseurs mais canalisés, un accordéon qui ajoute sa brillance à celle de l’électronique, des instruments peu courants (appeau, bâton de pluie, mégaphone dont un percussionniste tire des phonèmes amplifiés, en hommage discret à Romitelli) participent d’une densité et d’une énergie sans cesse renouvelée. Le foisonnement peut aussi laisser place au frémissement, avec un solo de contrebasson qui rappelle l’affinité du compositeur avec la flûte à bec Paetzold.
„Oneness“ bedeutet etwa „Einssein“, und wer dabei an ein Miteinander der beiden verwandten Holzblasinstrumente Klarinette und Bassetthorn denkt, liegt schon richtig. Wer ein romantisch verklärtes Verschmelzen aller Instrumente erwartet, wird nicht enttäuscht, wenn er die romantische Verklärung weglässt. Langweilig wird es jedenfalls nicht in Bianchis 15-Minüter. Allerlei Schlagwerk tritt in Aktion und sorgt immer wieder für überraschtes Aufhorchen. Fast durchgängig wird da ein flächiger Gesamtklang produziert, der die Grenze zur Geräuschkulisse streift. Geschmeidig gleitet der Klang dahin, während das innere Auge das Bild eines Spukhauses sieht, weil im Holz der Wind so pfeift und in den Violi- nen geheimnisvolle Türen quietschen, und später dann das eines Bauernhofs, wenn Sabine Meyers Klarinette lustig ga- ckert. Immer wieder taucht im Gesamtklangwerk schöne Harmonie für einen flüchtigen Moment auf, bevor sie in Glissandi und Klangentfremdung der verschiedenen Instrumente entfleucht.
Thanks to my eyes a imposé son ouvrage miraculeux sur la scène du théâtre lyrique...
Le Soir
lesoircypres.pdf 1.74 MB..Oscar Bianchi's Streichquartett Adesso verkündet mit lateinischer Eloquenz, dass Musik auch viel zu erzählen hat; man spürt förmlich die Freude dran, verfolgt, wie viel Fantasie versprüht wird und dabei in der Konzentration der Mittel das Material immer wieder neu beleuchtet wird, in überzeugender Formbeherrschung...
...unsettlingly primordial....
Vous l'aurez compris, Thanks to my Eyes est l'incontestable événemment de l'opéra contemporain de ce printemps.
...Oscar Bianchi's Mezzogiorno, on the other hand, sets out a much more dynamic and burlesque conception of writing. Characterized by a 'jazz' spirit, the piece reveals an unusual power of sonority, signing a great mastery of timbres. L'Ensemble l'Itineraire under the direction of Mark Foster gave a particularly strong impression of the sound world, leaving one with the feeling of a beautiful musical moment.
Spielanordnung und Ästhetik erinnern an japanisches Theater und Kino. Bianchi hat dazu eine Musik voll innerer Bewegung geschrieben, die vom Ensemble Modern unter der Leitung von Frank Ollu virtuos interpretiert wird; eine Musik, die emphatisch Ja sagt zur Oper und zum Primat des Gesangs.
.. une écriture musicale subtile... Pierre d'achoppement de tant d'opéras contemporains, l'écriture vocale est un prolongement idéal de l'écriture instrumentale: toujours expressive dans son apparente neutralité, elle est au service du texte, chanté en anglais...
...Bianchi’s sumptuous vocal writing holds promise and the singing is magical.
...En confiant sa création contemporaine à Oscar Bianchi, compositeur italo-suisse de 36 ans qui signe son premier ouvrage lyrique, et en lui réservant les honneurs de sa soirée d'ouverture, le festival d'Aix-en-Provence a visé juste, et gagné son pari. Fable elliptique sur la déception de toute existence, l'échec des transmissions familiales, la réalité incertaine de l'art et du spectacle, Thanks to my eyes est tout, sauf une déception ou un échec. Cette réussite tient d'abord à la qualité de la musique, à sa richesse d'invention sonore comme à sa maîtrise de l'écriture vocale, et au juste équilibre instrumentistes-chanteurs. En bon Italien, ancien étudiant du conservatoire Giuseppe-Verdi de Milan, Oscar Bianchi aime les voix, en respecte les tessitures, sans pour autant sacrifier à l'hédonisme vocal ou aux facilités révolues du bel-canto. Des six rôles du livret - l'un est muet (le messager) un autre parlé (la mère) - quatre sont chantés : le père et le fils, et deux jeunes femmes éprises du fils, l'une solaire, l'autre nocturne. Quatre voix, quatre styles bien différenciés, de l'arioso solennel pour le père (baryton-basse), aux envolées mélodiques, parfois suraiguës, pour les deux sopranos. Mais c'est au rôle du fils, confié à un contre-ténor, qu'est réservé le traitement vocal le plus original et le plus approprié : une déclamation tendre et fragile, proche du lied, toujours prête à se résorber dans le silence ou à se fondre dans un trop-plein d'émotion...
...Un magistral portrait de la mélancolie... La musique d'Oscar Bianchi a su se faire une place dans cet univers sobre, sombre, dense, violent. Le Père a la puissance du mangeur d'enfants originel, avec ses basses abyssales et son baryton comme plaqué au sol. Les femmes, celle de la Nuit et celle du Jour, ont des sopranos coloratures stridulants presque assourdissants, aux limites de la démence. Aymar enfin, haute-contre chrysalide, en rupture de filiation, passe par tous les états de la vocalité, de la plus lyriquement solaire au parlando quasi aphasique. Comme si au squelette du texte Oscar Bianchi attachait, par une instrumentation riche et colorée, jusque dans la mise en espace par la spatialisation, une chair dense, plastique, entre souffrance et exultation....
...astonishingly subtle sound jorney...outstanding acting soloinstruments...
..euforia vistuosistica di Oscar Bianchi che si rivela in Trasparente tagliente vivezza e disinvolta agressività: è uno dei giovani più attrezzati tecnicamente... (Mario Messinis)
...Precisely felt music, that deals with instrumental timbres in a very imaginative way, and which stands out for its very well balanced density of musical events: dramaturgically, a perfectly constructed piece. We will be hearing more from this talented composer...
..Crepuscolo, for Paetzold recorder, surprises with its deep, barely believeable sonority, and creates a dark universe that is foreign, full of humor, and in the end, very seductive...